vendredi 24 novembre 2017

225 - Par un beau soir

Quand viendra le jour d'accomplir nos amours ? Dans cette chanson, la réponse est donnée par les parents qui jugent leur fille trop jeune pour s'engager dans une relation sérieuse. Dépité, l'amoureux parle de finir ses jours, retiré du monde. La réaction peut paraître excessive, d'autant que la réponse n'est sans doute pas définitive. Ah, l'impatience de la jeunesse !
Cette belle mélodie est bien présente dans toute une zone qui va de Saint Nazaire à Loudéac, et particulièrement autour de l'estuaire de la Vilaine.
Pour écouter la chanson et lire la suite :


Cette chanson a été collectée à de nombreuses reprises en Haute-Bretagne. Pour vous en convaincre vous pourrez en écouter diverses interprétations sur la base dastumedia. On la retrouve en Morbihan et en Ille et Vilaine (Péaule, Saint Dolay, Saint-Just, La Gacilly, Peillac, etc) ainsi que dans l'ouest de la Loire-Atlantique (La Chapelle des marais, Saint-Lyphard...). Notre version a été récoltée en 1937 par Gaston Le Floc'h, à Prézégat, un quartier de Saint Nazaire.
Aux six couplets que nous interprétons s'ajoute le plus souvent une conclusion en forme de lamentations de l'amant rejeté :
Je m'en irai dans un bois solitaire
Finir mes jours à l'ombre d'un rocher
c'est aussi parfois
Dans la forêt de Ste Catherine (ou Ste Madeleine)
Où le soleil n'a jamais pénétré
Ce qui n'empêche pas qu'un rossignol vienne l'y narguer :
Il chante, il dit dans son joyeux langage
Les amoureux sont toujours malheureux
Les arguments des parents sont ils justifiés ? L'âge de la jeune fille n'est pas précisé ici, mais d'autres versions lui donnent 14 ou 15 ans, plus rarement 18 ans. On propose donc au galant de faire d'abord son service militaire et de revenir plus tard. Quelques chansons parlent ainsi de son départ, comme celle enregistrée en 1949 par Claudie Marcel Dubois à la Chapelle des Marais, où M. Roussel chante :
Quand elle a vu mon chapeau ma cocarde
Elle a bien vu que j'étais engagé
Mon cher amant tu pars donc pour la France
Là tu m'y laisses au pays sans amant
Le rossignol a bien raison : les amoureux sont toujours malheureux...dans les chansons traditionnelles.

Interprète : Nicolas Pinel
source : Fernand Guériff, Tome III, p. 184 - Chansons de Brière, de Saint-Nazaire, et de la presqu'île Guérandaise. Récolte de Gaston Le Floc'h. Chanté par M. Brethaud, à Prézégat, en 1937
Catalogue P. Coirault : 4715 – Quand sera le jour où j'aurai tes amours


Par un beau soir, j'allais voir ma maîtresse
Près d'un bon feu, nous causions tous les deux.

Je lui ai dit : - Ma charmante maîtresse
Quand viendra l' jour d'accomplir nos amours ?

- Mon beau galant, va t'en trouver mon père,
Tandis qu'à moi, cela me convient bien.

- Bonjour, bon père, bonjour, bon père honnête,
Vot' fill' Jeannette, voulez-vous m' la donner ?

- Retire-toi, ma fille est bien d' trop jeune,
Retire-toi, ma fill' n'est pas pour toi !

- Ah, quel malheur, s'il faut que je m' retire,
Moi qui avais si bien placé mon coeur !



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