Dans la famille des
« petits maris » on vous présente le nouveau marié
piqué. Il existe quantité de variantes sur le thème du jeune marié
tourné en ridicule. Elles illustrent bien la frustration des épouses
avec un compagnon qui n'est pas à la hauteur. Dans le cas présent,
la femme semble avoir trouvé un remède efficace à son impuissance.
Il a su élever son niveau de performance – comme on dit
aujourd'hui dans les commentaires sportifs. Voilà une conclusion
plus heureuse que tous les épisodes tragi-comiques où le malheureux
est croqué par le chat ou becqueté par un coq, ou bien périt dans
l'incendie de la paillasse, ou noyé dans l'évier !
Pour écouter la
chanson et lire la suite :
Cette chanson, avec
son rythme de ridée, n'est pas originaire de Loire-Atlantique mais
d'outre-Vilaine (1). Les chansons traditionnelles ignorent les
frontières administratives. Mais il n'en manque pas sur ce sujet
dans notre département et aux environs.
Le répertoire des
chansons orales de Patrice Coirault donne 6 autres chansons-type sur
le thème du « mari de petite taille ». Dans celle ci, il
ne parait guère vraisemblable que la taille soit la seule vraie
raison du mécontentement de la jeune épouse. Même imposé par le
père, elle l'avait vu avant de dire oui. Ou alors s'agit-il d'autres
dimensions ? Certaines versions précisent qu'il n'est pas plus
gros qu'un haricot. Faut-il vous faire un dessin ?
Ce mari qui ne donne
pas satisfaction est symbolisé de différents façons. Certaines
sont tragiques. Il finit enterré dans un pot de fleurs ou transformé
en descente de lit ! D'autres sont plus plaisantes. C'est le
cas des épisodes qui finissent, comme ici, par une amélioration de
ses performances sexuelles. Quelles que soient ses mésaventures
elles sont toujours traitées sur le mode comique (2) . D'où la
fréquence du refrain :
Jamais je n'avais
tant ri
Le mari qui s'endort
et est donc réveillé brutalement, piqué aux fesses (le plus
souvent). Il se cache dans, ou sous, un meuble d'où il est tiré de
force. Parfois on le retrouve pissant dans les orties (aie!). La
mariée le traîne et le remet sur le lit. On imagine cette situation
illustrée par les caricatures de couples « à la Dubout ».
Intéressons nous
maintenant à la conclusion heureuse avec ses prouesses inattendues.
Selon les collectes on retrouve :
un rappel de la
mariée : tu ne me donnes pas ce que tu m'as promis
Tché bé l'bon
gars dans la journaie / mais dame le vaut rin la nuit (Nord
Vendée)
Je ne vous dirai
pas ce qu'il me fit / mais ça me fit rire (Ille et Vilaine)
Il me fit voir un
petit moine gris / que ferons nous de ce moine gris / nous le
mettrons en paradis (Brière)
suivies de versions
imagées « d'embrasser » trois fois la nuit :
m'en donnit dau
pain, dau beurre et dau biscuit (Vendée)
Fit trois
pirouettes dessus le nombril (val de Loire)
et la conséquence
prévisible :
Neuf mois après
l'y eut un beau petit (Pays nantais)
Rappelons enfin,
pour en finir avec des interprétations naïves et trop souvent
entendues, qu'il n'est pas question de coucher « au lit »,
mais « o li » ce qui, en gallo, se traduit par « avec
lui ».
notes
1 – Morbihan
gallo, pour être plus précis
2 -contrairement aux
chansons ou une jeune fille se plaint d'avoir été mariée à un
« vieillard »
interprète :
Jeannette Lebastard, réponses : atelier chant de Dastum à
Besné
source :
chanson du répertoire d'Anne-Gaëlle Normand
Catalogue C.
Laforte : Le nouveau marié piqué (I, D-08)
Catalogue P.
Coirault : La jeune mariée qui chasse son mari du lit et La
jeune mariée contente des prouesses de son mari (05604)
LE NOUVEAU MARIE
PIQUE (ridée)
Mon père m'a donné
un mari
Jamais je n'avais
tant ri
Comme Il m'l'a
donné, je l'ai pris
Gamin vois tu bien
Vois tu bien comme
il m'aime bien
Comme il m'l'a
donné, je l'ai pris
La première nuit
que j' couche o li
Il m'tournit l'dos
et s'endormit
Je pris une
aiguille, je l' piquis
Il prit ses hannes
et il se sauvit
Je pris mon jupon je
l'suivis
Je l'retrouvis
dessous mon lit
Avec un croc je
l'arrachis
Je le remis dessus
mon lit
Tu m'donneras c'que
tu m'a promis
Il m'embrassa trois
la nuit
Une à onze heures
l'autre à minuit
Et l'autre à la
sortie du lit
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