Un petit coin de paradis contre un coin
de parapluie...la chanson populaire n'a pas attendu tonton Georges
pour utiliser cet accessoire. Mais le pépin (1) est sans doute resté
trop longtemps un accessoire citadin, ou bourgeois, pour avoir eu le
temps de se faire une place dans la tradition orale. Quand il pleut,
il pleut bergère...pour ramasser ses blancs moutons elle n'a de
solution qu'une cape de toile. L'usage du parapluie, pourtant attesté
dès le 17ème siècle, ne s'est démocratisé que beaucoup plus
tard.
A la pêche aux chansons
traditionnelles on relève dans ses filets toutes sortes d'espèces.
Des chansons de tradition orale ou écrite comme des compositions
plus récentes. Mais qu'est ce qu'une chanson « ancienne » ?
Bien des informateurs qualifient de chanson ancienne aussi bien les
rengaines du début du vingtième que les textes issus de la
tradition orale. Celle ci ne nous a pas encore livré tous ses
secrets.
Pour lire la suite et écouter la chanson:
Le parapluie est un accessoire ancien,
sans doute inventé par les chinois. Avant qu'il ne devienne un objet
du quotidien il a fallu beaucoup de temps et de progrès techniques.
Les premiers modèles dérivés des ombrelles, étaient chers, peu
commodes à manipuler et nécessitaient un entretien constant. Les
progrès de l'imperméabilisation de la toile au 19ème siècle on
permis d'améliorer son séchage et sa longévité. Et le parapluie
est devenu un instrument populaire.
C'est au siècle dernier et
particulièrement entre les deux guerres mondiales que le parapluie
est devenu un élément indispensable. En milieu rural, leur diamètre
de 1,50 m à 1,80m permettait d'abriter plusieurs personnes. Voilà
pourquoi son usage utilitaire pouvait se transformer en instrument de
rencontre ou de séduction (2). A partir des années 30 leur taille a
commencé à diminuer. On leur a préféré des modèles
individuels ; question de mode mais aussi d'encombrement.
Le parapluie a dépassé son rôle
originel en permettant, par exemple, aux amoureux de s'abriter des
regards. L'imagerie populaire a bien conservé cet usage. Mais les
chansons anciennes ne le mentionnent pas. La bergère se contente de
rentrer ses moutons et s'occupe en attendant l'éclaircie. Un
parapluie dans une chanson est donc le signe d'une composition
relativement récente. La structure de notre chanson aurait suffit à
s'en convaincre : organisation des couplets, mélodie, malgré
un refrain qui reprend des allures « folkloriques ».
Dans l'état actuel de nos recherches,
nous n'avons pas pu identifier son origine. Il se trouvera sans doute
parmi vous quelques spécialistes de l'ethno-musico-météorologie
pour combler cette lacune.
Si les chansons traditionnelles font
peu de cas des conditions météorologiques, la tradition orale se
rattrape avec les dictons. Pluie, vent et autres intempéries s'y
retrouvent par dizaines tout au long du calendrier. Voici donc nos
prévisions pour les jours à venir :
S'il pleut à la Saint Joseph,
(19 mars)
L'été sera sec
S'il pleut à l'Annonciation,
(25 mars)
pluie à discrétion
notes
1 – Pépin était un personnage de
théâtre du début 19ème, qui paraissait toujours avec un
parapluie. D'où l'utilisation de ce nom propre pour désigner
l'ustensile. Même chose pour riflard.
2 – Voir à ce sujet la coutume du
maraîchinage, dans le pays de Monts, décrite dans un ouvrage de
Marcel Beaudouin sur ce sujet. Mais cela se passait en Vendée, et
donc celà...ne nous regarde pas !
interprète : Janick
Peniguel
source : Marcelle Bondu de
Petit-Mars (44) - collectage de François Dousset et Arnaud Lebot
Mon Parapluie
Un soir qu’il pleuvait à torrent
J’aperçois une jeune fille
Qui cherchait bien vainement
A s’abriter sous sa mantille
Je m’approche d’elle bien doucement
Et je lui dis : femme jolie
Daignez accepter en passant
La moitié de mon parapluie
De mon papa, de mon parapa, de mon
parapapa, de mon parapluie
Digue, digue, digue, digue, diguedon
Sonnez, sonnez donc, din don
J’accepterai bien volontiers
Vous me paraissez fort honnête
Moi, je n’aime pasles gens grossiers
Qui souvent dans les rues m'arrêtent
Alors j’lui dis : prenez mon
bras
Et méprisez la calomnie
Depuis quand donc ne voit-on pas
Une femme sous un parapluie
Sous un papa, sous un parapa, sous un
parapapa, sous un parapluie
Digue, digue, digue, digue, diguedon
Sonnez, sonnez donc, din don
Elle s’enfuit avec mon pépin
L’averse tombait comme de plus belle
Moi, je restai comme une dinde
Trempé jusqu’à la flanelle
Cette aventure de mes beaux jours
M’a guéri toute ma vie
Depuis c’temps là j’attends
toujours
Et la belle, et mon parapluie
Et mon papa, et mon parapa, et mon
parapapa, et mon parapluie
Digue, digue, digue, digue, diguedon
Sonnez, sonnez donc, din don
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