vendredi 15 janvier 2016

135 - Approchez tous pour écouter

Quand on aime on ne compte pas. En fait, ce qu'on ne peut surtout pas compter c'est le nombre de chansons qui parlent des désagréments du mariage. Celle ci, en quatre couplets, résume toute une histoire d'amour, de séduction, de demande en mariage et de désillusions. Elle fait partie de toute une série sur les soucis et inconvénients du mariage. Sans atteindre le coté sordide de celle de la semaine passée, elle nous plonge dans un quotidien loin d'être idyllique.
Vous espériez une vie conjugale qui soit comme un bouquet de roses et vous n'avez récolté qu'un bouquet de soucis ! Le langage des fleurs est utilisé dans ce qu'il a de plus simple et de plus facilement compréhensible. Pas forcément pour faire l'apologie du célibat ; mais plus sûrement pour rappeler que les joies de l'amour laissent place à la dure réalité de la vie et ses contingences matérielles.
pour écouter la chanson et lire la suite


Cette chanson a été notée par Gustave Clétiez en pays Guérandais, dans les années 1860. Ses collectes n'ont pas été publiées à cette époque, mais reprises dans le premier volume des chansons populaires de Guérande, édité par Fernand Guériff.
Nous n'avons pas retrouvé de chanson construite sur le même type. On peut se demander si elle ne doit pas sa spécificité à l'interprétation de l'informateur (ou trice) entendue par Clétiez. Les assonances ne sont pas régulières ; il est possible qu'elle soit le produit d'un mélange de plusieurs chansons. Les thèmes (consentement des parents, langage des fleurs...) se retrouvent dans bien d'autres chansons.
Plutôt que de rechercher une origine improbable, attardons nous sur sa mélodie. Le collecteur a soigneusement noté sur la partition les ornementations entendues. Elles sont caractéristiques de bien des chanteurs traditionnels, et pas seulement d'un « style paysan » comme l'indique Guériff.

Peut être, un jour, trouverons nous une chanson qui vante, sans ironie, les joies du mariage. En attendant contentons nous des inconvénients, des mariages mal assortis, des mal mariées et autres aventures....et de leurs belles mélodies.

Interprète : Roland Guillou
source : Le trésor des chansons populaires folkloriques recueillies au pays de Guérande, de Fernand Guériff (Tome 1 p156) fonds Clétiez.
non cataloguée

Approchez tous pour écouter
La noble compagnie :
Ce sont des jeunes gens
Qui sont chez nous à présent,
Qui ont fait alliance
Trois jour y a pas longtemps

A tout’s les fois que je l’ai vue
Ma tant jolie maîtresse,
Me suis approché d’elle
En lui parlant si doux :
Voudriez-vous la belle
Que je sois votre époux ?

Si c’est à moi que vous parlez,
Parlez y à mon père.
Parlez y à ma mère,
A mes proches parents.
Si mes parents le veulent
Avec vous je consens.

Dès le premier jour de mes noces
Un beau bouquet de roses,
Mais le second jour d’mes noces
Un bouquet de soucis.
Point de ces soucis jaunes
Mais bien d’autres soucis.
Un mari dans la débauche *
Des enfants à nourrir !

Ce vers, qui ne figure pas dans l'édition de Guériff, a été rajouté par Roland Brou.


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