vendredi 26 juin 2015

111 - Quand Margotton sort de sa cour

Petites annonces chantées : « échangerais vieux mari malade contre jeune amant bien portant » et « à saisir : vieille peau pour articles de maroquinerie ». Où est donc la morale dans cette chanson ?
Elle appartient à la vaste série des « mal-mariées » qui évoquent les griefs des femmes à l’encontre de leurs maris. Les reproches les plus fréquents portent sur les violences conjugales, l’intempérance, l’infidélité, ou bien, comme ici, sur l’âge du mari lorsqu’il est bien plus élevé que celui de son épouse. Celle-ci rêve alors de se débarrasser de son conjoint, y compris par les moyens les plus expéditifs, qui sont l’expression poétique de sa frustration.
L'interprétation que vous allez entendre vient des concerts organisés pour les vingt ans de Dastum 44. L'original lui même figure sur le double CD « anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique » publié à cette occasion (1)
écouter la chanson et lire la suite



La morale est dans la dénonciation de mariages arrangés où une jeune femme accepte un vieux mari sous la pression familiale ou simplement par intérêt :
Pour un p'tit d'argent que je lui vis
mais quand tio p'tit d'argent fut mis
J'aurais voulu qu'il vint un édit
Qu'on étranglit les vieux maris
Cette autre façon de présenter la situation vient d'une des versions recueillies par Armand Guéraud. En effet, il ne manque pas de variantes de cette histoire dans le répertoire local. Le plus souvent la mariée déçue s'en va vendre la peau pour se faire des souliers gris ; où comme ici, une descente de lit.
Mais dans au moins deux versions (2) le marché parisien s'avère décevant :
A 2 liards la peau du chéti
On n'en voulut pour aucun prix
Pour un denier il me restit
Dernière morale, empruntée à une autre chanson de mal mariée : sans mentir il vaut mieux un jeune fou qu'un vieux sage.

Notes
1 – le double CD « anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique » regroupe près de 60 extraits des collectes déposées à Dastum 44 ; et pour une somme dérisoire ! (voir rubrique nos éditions)
2 – venant toutes deux du sud de la Loire : vignoble nantais pour A. Guéraud, Pays de Retz dans le manuscrit Poiraud.

source : Stéphane Glotin, de Campbon, enregistré par Dastum 44 en septembre 2000
interprètes : Françoise Bourse, Oona Hengoat, Nolwen le Dissez, Annick Mousset et Jean-Louis Auneau (chant) Hervé Dréan (bouzouki et arrangements) Rachel Goodwin (piano et arrangements)
catalogues : Coirault : l'édit d'écorcher les vieux maris (05724) – Laforte : le vieux mari (1-D-18)


Quand Margotton sort de sa cour (bis)
Dans son chemin rencontre l’amour
Oh gué, gué, gué, la lirette
Oh tra, la, la, la lirette, la lira

Dans son chemin rencontre l’amour (bis)
Amour, amour, où allez-vous
Oh gué, gué, gué, la lirette…

Mais je m’en vais coucher chez vous

Y‘a point besoin d’amour chez nous

Mon vieux mari en s’rait jaloux

Mon mari malade est au lit

Il s’rait ben mieux en mort qu’en vie

J’mèn’rai sa peau à la tann’rie

Pour me faire une descente de lit

J’m’en irai la vendre à Paris

Et j’reviendrai dans mon pays

Pour y prendre un plus jeune mari.


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