vendredi 8 novembre 2013

29 - Le Noël des oiseaux


C'était la Toussaint – le temps des veillées où tous les amants vont à l'assemblée, mignonne allons voir, etc, etc...- mais nous n'avions pas de chanson potironesque au répertoire. Ce blog n'étant pas un écrit sans thème, occupons nous de l'avenir, il est plus que temps. Les grandes surfaces ont déjà mis en place leurs rayons jouets. Les calendriers de l'avent vont servir d'alibi pour manger du chocolat. Il ne manquait donc plus qu'une belle chanson de Noël.

Celle ci, bien que collectée en Loire-Atlantique, sort tout droit d'un ouvrage intitulé « La grande bible des noëls angevins, sur la nativité de Notre Seigneur J.-C. » publié en 1770 puis réédité en 1829. Elle a été reprise dans d'autres ouvrages plus récents (1). Il en existe des versions occitanes et catalanes ; une chanson en anglais a été composée sur le même sujet vers 1870. Enfin, il ne faut pas la confondre avec le Noël des petits oiseaux de Camille Soubise, l'auteur de la chanson des blés d’or.

Mais qu'est ce donc qu'un « Noel » ? Nous avons tous en tête...
pour lire la suite et écouter la chanson

 
  
...le grand succès commercial de Tino Rossi « petit papa Noel ». Nous achèterons bientôt le foie gras dans les rayons de supermarchés au son des « anges dans nos campagnes ». Le Noël populaire est assez loin de ces stéréotypes. Conrad Laforte le classe dans les chansons folkloriques à sujet religieux. Laissons la parole à Julien Tiersot (2) au sujet des Noels anciens :
« la plupart de ces morceaux se distinguent fort peu des autres chansons du même temps. La forme est la même que celle du plus grand nombre des pièces qu'on retrouve dans les chansonniers de l'époque. Le sujet seul en diffère, et si peu encore ! Les noëls du XVIe siècle, plus encore ceux qui furent composés postérieurement, sont le plus souvent, en effet, de petits tableaux de moeurs populaires, parfois extrêmement frappants dans leur naïveté, car les auteurs avaient évidemment étudié leur sujet de très près, mais dans lesquels il est rare que l'on puisse constater un sentiment véritablement religieux. La place donnée à la prière y est très petite, si ce n'est tout à fait nulle. Un refrain approprié, comme Chantons Noël, Chantons Naulet ou tout simplement Noël, Noë, Nau ou Naulet, répété un certain nombre de fois, fait souvent plus pour caractériser la chanson que le texte tout entier. N'avions-nous pas remarqué, en étudiant les chansons de danse, les chansons de métier, les chansons de fêtes, etc., que le refrain et la mélodie des chansons populaires suffisaient parfois à en déterminer le genre sans qu'il y eût presque à s'occuper du sens des paroles? L'étude des noëls du XVIe siècle confirme ces observations.
Enfin, au point de vue mélodique, les noëls se rattachent encore à un certain nombre de chansons françaises, que nous connaissons bien, par ce fait qu'ils étaient chantés sur des airs connus. La plupart des timbres des noëls les plus connus se trouvent dans la Clé du Caveau, un plus grand nombre encore dans la Clef des Chansonniers, antérieure d'un siècle ».

Noël c'est aussi le temps des cadeaux. Quoi de plus plaisant que de recevoir un beau livre, comme le dernier tome des chansons collectées par Fernand Gueriff, par exemple ; ou le précédent. Vous n'avez que l'embarras du choix ; la boutique est ouverte...

Notes
1 – Contes et chansons populaires des pays de France – Jean Richepin - 1918
2 - Les Chansons populaires de France: les Noëls (2° article), Julien Tiersot

LE NOEL DES OISEAUX

Pour honorer les langes
Du roi de l’univers
Tous les oiseaux divers
Volent avec les anges
Répandus dans les airs
Et mêlent leurs louanges
Aux célestes concerts

Plaintive tourterelle
Tu lui fais tendrement
Ton petit compliment
Car ton cœur te révèle
Qu’un état si touchant
Est matière nouvelle
A ton gémissement

L’alouette légère
Ayant volé trop haut
Descendit aussitôt
Voyant que sur la terre
Naissait un roi si beau
Et finit sa carrière
Tout auprès du berceau
 
D'un pas qui se dandine
Arriva le dindon
Au pied de l’enfançon
Le voilà qui s’incline
Par un noble abandon
Il s’offre à la cuisine
De la sainte maison

Le rossignol à l’ombre
Des palmiers d’alentour
Laissa passer son tour
Et sur des airs sans nombre
S’exerçant tout le jour
Attendit la nuit sombre
Pour mieux faire la cour

La cane fut fidèle
Et s’en vint en causant
Elle dit : quand, quand, quand
Quand j’appris la nouvelle
D’un tel avènement
Et du bec et de l’aile
J’applaudis à l’enfant

Le tarin des bocages
S’envole promptement
Sur le sein de l’enfant
Et par ses doux ramages
Le plaint si joliment
Qu’il ravit les rois mages
Arrivés d’orient

Le chardonn’ret s’élance
Puis, d'un air jovial
Dit : je suis cardinal
Et le chapeau, je pense
Ne me va pas trop mal
Bénis, mon éminence
O, seigneur sans égal

Sortant sa crête altière
Et sa queue en cerceau
Près de l’humble berceau
Le coq, d’une voix fière
Chante : coquerico
J’annonce la lumière
Salut, astre nouveau

La linotte fabrique
Dans son petit cerveau
Au doux fils du très haut
Un motet magnifique
D’un air si nouveau
Que jamais la musique
N’eut de charme si beau

L’oie, avançant la tête
Se tient l’oreille au guet
Apporte un fin duvet
Avec l’air pas trop bête
Au cher enfantelet
Dit : jamais on ne fête
Sans moi le cher motet

C’est le corbeau qui n’ose
Faire entendre sa voix
Il apporte une noix
N’ayant rien d’autre chose
Digne du roi des rois
Doucement il la pose
Puis il retourne au bois

Voici Margot, la pie
Qui s’en vient en dansant
Et dans son bec tenant
Quelques friponneries
Pour donner à l’enfant
Doux Jésus, je vous prie
Recevez mon présent
 
Serons nous immobiles
A tous ces mouvements
Si nos corps sont pesants
Rendons nos cœurs agiles
Et par des vœux ardents
Suivons les volatiles
Près du divin enfant.

source : Bernard Douet → Dastum44 0012 11 (collecte : Marie-Thérèse Renouard et Elisabeth Carroget)
interprète : Martine Lehuédé
catalogue Laforte 4-JA-05 - le Noel des oiseaux

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