vendredi 6 septembre 2013

20 - C’était une frégate

Restons encore un peu au bord de l'eau pour profiter des beaux jours de l'été et oublier les tracas de la rentrée. Encore que cette chanson ait une triste fin que ses derniers vers cherchent à atténuer. Le thème vous rappellera une précédente chanson de ce blog ; il s'agit encore une fois du plongeur noyé.

Ce thème est très répandu sous diverses formes, de la fille du roi d'Espagne aux belles qui se promènent au bord de l'eau ou sur les ponts de Nantes. Notre chanson de la semaine se rattache à la variante maritime « la Danaé », habituellement chanson du gaillard d'avant ou chant à virer au cabestan. La version la plus connue est celle publiée par le commandant Armand Hayet. Chaque portion du littoral français doit en avoir sa version locale, celle ci venant de Pornic, situe la construction du bateau à Noirmoutier.
Il existe bien une frégate nommée la Danaé dans les archives de la marine. Lancée en 1838 elle finit sa carrière en transportant les proscrits vers la Nouvelle Calédonie. Mais le texte de ces chansons est d'origine plus ancienne. Si on en croit les indications...
Ecouter la chanson et lire la suite


 
...données par Michel Colleu dans le tome 2 des disques de chants de marins publiés par le Chasse-Marée, la référence serait « un bâtiment ayant navigué pendant la guerre de sept ans et célèbre pour avoir livré bataille contre les anglais devant Dunquerke en 1759 ». Navire baptisé Danaé ou Dénoé, ou Méloé. La version pornicaise qui déforme le nom en Adélaé ne serait peut être pas si loin de l'originale ?

Quoi qu'il en soit, comme dans toutes les versions du plongeur noyé, le héros périt pour les beaux yeux de la belle. Dans beaucoup de variantes de la Danaé c'est son avantage (son pucelage) qui est tombé à l'eau (!). Parfois un anneau d'or ; ici ses clefs. Bien qu'il ne soit pas le rescapé d'un naufrage comme dans les autres versions, le fils du capitaine ne survit pas.

Profitons de cette chanson pour vous inviter à fêter, avec nos deux interprètes les 20 ans de l'association « les Veuzous de la Presqu'ile ». Vous retrouvez le programme des animations, du 13 au 21 septembre, sur leur site (voir rubrique liens). Nos deux commères Annick et Françoise en particulier chanteront le 17 à Guérande.

Enfin, une anecdote pour finir sur une note plus gaie cette série de noyades. Cherchant un coin de baignade dans la rivière le Don, deux internautes se sont retrouvés sur ce blog à consulter la première version du plongeur noyé. Rappelez vous ; c'était la chanson 11 « dans la prée à mon père ». Un grand merci à notre moteur de recherche préféré. Et bonne baignade !

C’était une frégate

C’était une frégate, mettez le pied là, tra la, la, la, la (bis)
Nommée l’Adélaée, mettez le pied là, tra la, la, la, la
Nommée l’Adélaée, mettez là le pied

La coque en bon vieux chêne, mettez le pied là, tra la, la, la, la (bis)
Fut faite à Noimoutier, mettez le pied là, tra la, la, la, la
Fut faite à Noimoutier, mettez là le pied

Elle a pour capitaine…
Le n’veu du père Mestier…

S’en va de côte en côte / Pendant longues années

Trouve un jour une fille / Pleurant sur un rocher

Qu’avez-vous donc, la belle / Qu’avez-vous à pleurer

Les clefs d’or de mon père / Dans la mer sont tombées

Que donnerez-vous, belle / Je vais vous les chercher

J’ai cent écus en bourse / Je vous les donnerai

Le fils du capitaine / Dans la mer a sauté

Au premier coup qu’il plonge / Les clefs d’or ont sonné

Au second coup qu’il plonge / Les clefs d’or a touché

Au troisième coup qu’il plonge / Le pauvre gars s’est noyé

Le père sur la dunette / Voit son fils se noyer

Pleurez pas, capitaine / J’allons le repêcher

J’l’enterrerons en France / A l’ombre d’un laurier

Tous les oiseaux du monde / S’en viendront là chanter.

source : Charles Masson, à Pornic, le 3 décembre 1894
interprètes : Annick Mousset et Françoise Bourse